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Photo du rédacteurNyamoya Nathalie

Les douleurs de l'enfantement.

Avec mon expérience de médecin dans le service de maternité, je savais bien que les douleurs de l'enfantement faisaient partie du processus de l'accouchement. Mais savoir et expérimenter cela sont deux choses totalement distinctes. La connaissance enfle... mais l'amour édifie : on a souvent tendance à vouloir saisir et à maîtriser toute chose , à avoir un petit mot pour ceux qui traversent des moments difficiles, souvent avec une certaine condescendance si on ne sait pas ce qu'ils vivent. Mais vivre les souffrances, les angoisses nous rendent non seulement plus vulnérables mais nous rappellent notre propre faiblesse humaine et notre fragilité.




En revenant sur une de mes expériences (non professionnelles mais personnelles ) de l'accouchement, un sourire revient sur mes lèvres dès que les souvenirs reviennent à la surface. Le début des contractions me semblait souvent gérable : je sentais la douleur s'intensifier et j'espérais assurer jusqu'à la fin. Entre deux contractions, je discutais et cela faisait penser aux autres(mais surtout à moi) que les choses n'allaient pas déraper. J'étais au contrôle, jusque là. Hum...


Plus le temps avançait, plus le doute s'installait en même temps que l'inconfort provoqué par les douleurs. Je devenais moins bavarde, moins sûr de moi mais ayant quand même la foi que les choses allaient vite se mettre en ordre.


Jusque là, je SENTAIS que Dieu était toujours avec moi car j'arrivais toujours à prier un peu même si les douleurs augmentaient. Mais bien sûr, ma capacité à supporter un autre degré de douleur me fit douter de moi, un autre degré de douleur me fit voir Dieu comme un Père qui avait lâché ma main.

Dans le summum de mes souffrances , je sentais sincèrement que j'allais mourir, que Dieu m'avait abandonné et que si c'était possible, que cette mort arriva le plus vite possible. Je demandai entre deux contractions caractérisées par des cris où j'en étais, pour savoir combien de temps durerait encore mon calvaire. Une de infirmières me dit :

  • Dr, tu es à 7 cm.

Et moi de dire:

  • non ce n'est pas possible, je ne vais pas atteindre 10cm.

Car la connaissance que j'avais acquise disait que le col s'ouvrait 1cm par heure en moyenne. Je ne concevais pas subir deux à trois heures de douleurs dans ces conditions.


Et là, je fus pris de panique. Les paroles d'encouragement de ceux qui m'entouraient n'y faisaient rien, je ne comprenais pas tout simplement ce qui m'arrivait même si au départ je savais ce qui m'avait amené sur ce lit devenu inconfortable à cause des contractions, dans cette salle d'accouchement autrefois familière mais devenu une salle de torture. Le fait de m'être préparé à cela ne m'empêchait pas de douter. L'envie de connaître le visage de ce petit être qui allait naître et l'excitation que me procurerait l'arrivée de cet enfant avaient malheureusement disparu. Seules la douleur et l'angoisse régnaient. Mais du point de vue du médecin, cela était bon signe car le moment de la délivrance était proche. Je vous rassure tout de suite, j'accouchai dans la demi heure qui suivit.


Si nous pensons que le moment de gloire vient sans douleur, c'est qu'on n'a pas bien lu ce qui est arrivé à Jésus juste avant qu'IL ne soit crucifié et glorifié par la suite.


Quand une femme va mettre un enfant au monde, elle est en peine parce que le moment de souffrir est arrivé pour elle ; mais quand le bébé est né, elle oublie ses souffrances tant elle a de joie qu’un être humain soit venu au monde. Évangile selon Jean 16:21


La douleur a l'avantage d'enlever tout sentiment superflu: si au début je SENTAIS Dieu, la souffrance avait anéanti cette sensation. Car nous ne devons pas vivre selon ce qu'on ressent mais selon la foi. Qu'on ne s'étonne pas de voir les différentes formes de contractions dans nos vies car elles viennent faire naître des trésors cachés et retirent tout ce qui est superficiel et basé sur les sens. À celui qui pense que Dieu l'a abandonné, tiens bon tu es à quelques contractions près de l'accouchement. Il te donnera une parole à propos quand IL faudra pousser ta bénédiction. Car si un enfant est généralement ou souvent conçu dans la joie (ou le plaisir), la séparation par l'accouchement d'avec sa mère est souvent (mais pas toujours ) douloureuse.


Vivre des expériences douloureuses nous permet aussi de comprendre et de nous mettre à la place de celles ou ceux qui ont traversé des problèmes similaires. Je me souviens d'une amie et soeur, Nancy, que j'avais aidé lors de son second accouchement, bien avant que j'ai mes enfants et que je ne connaisse cette belle et effrayante expérience que peut être un accouchement. Je faisais "mon travail" dans la mesure du possible. Mais quand je le fis pour son 3 ème fils alors que j'avais déjà accouché, elle me fit directement la remarque que mon doigté avait changé, que j'étais devenue beaucoup plus douce et prévenante que la dernière fois. Et moi de me défendre en disant que je faisais la même chose que la dernière fois, car mon attachement pour elle n'avait pas changé. Mais elle insista que la maternité m'avait changé, ou plutôt que le fait d'avoir expérimenté l'accouchement m'avait transformé. Et je vous assure que cela était inconscient.


Si Jésus a traversé la douleur jusqu'à la mort, c'est qu'Il peut bien te comprendre au-delà de ce que tu peux penser ou imaginer, car Il a vécu pire alors qu'Il ne le méritait pas.


Respire donc un bon coup si tu traverses des moments difficiles, ne te décourage pas car IL sait que tu as mal: mais comme la patiente qui n'est pas consciente que son accoucheur est près de Lui ou même crie contre ceux qui vont finalement l'aider,IL ne tient pas rigueur de tes cris mais IL te comprend plus que tu ne le penses. Laisse-Le te prendre des Ses bras d'amour surtout dans ta douleur plus que dans la joie. Et tu auras une plus grande joie quand ta bénédiction arrivera.


Très bonne journée à tous


 

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4 Comments


sonia ARAKAZA
sonia ARAKAZA
Oct 31, 2022

Merci ma soeur pour ce partage édifiant . 😘

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nyamoyanat8
Oct 31, 2022
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Merci ma belle 🥰🙏😘

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La douleur a l'avantage d'enlever tout sentiment superflu...on devient vrai ! L'un des moments où l'on devient consciemment honnête avec nous et les autres. Urakoze Nathalie kutwibutsa ... Tu as des mots justes pour le décrire .

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Nyamoya Nathalie
Nyamoya Nathalie
Oct 31, 2022
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Merci beaucoup mon frère 🙏🥰

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